Moto

Le Mercantour, Road Trip Moto dans les Alpes

De
le
19 juillet 2020
Temps de lecture estimé : 9 minutes
image_pdfGénérer un PDF

Un road trip à moto de 3 jours au coeur du parc du Mercantour dans les Alpes du Sud, voilà le programme pour fêter les 4 ans de la chaîne YouTube et le cap symbolique du million de vues.
Plutôt que de suivre la Route des Grandes Alpes, je pars à la découverte de quelques cols et routes que je n’avais pu faire les années précédentes. Col d’Allos, Col des Champs ou Gorges du Cians, voilà pour les nouveautés 2020 qui s’ajoutent au Col de la Cayolle, Col de la Couillole ou la Cime de la Bonette, la plus haute route d’Europe, déjà réalisées les années passées.

Le projet

Quand j’ai voulu faire un road trip dans les Alpes en 2017 avec ma CB650F, l’objectif était de faire une bonne partie de la Route des Grandes Alpes (RGA). Planifiée à la fin du mois de septembre, le Col de l’Iseran, plus haut col des Alpes, était déjà fermé car sous la neige.

En 2018, avec la CB650F !


J’avais alors réalisé uniquement une petite portion du sud au nord (du Col de la Cayolle jusqu’au Col du Galibier) avant de revenir sur Montpellier par le Vercors et les Monts d’Ardèche.
En 2018, profitant d’une meilleure météo, je me lance dans un trajet nord vers sud depuis la vallée de la Maurienne (Col du Gladon, Col de la Croix de Fer, Col de la Madeleine) pour rejoindre Beaufort, le premier village de la RGA sur mon road book jusqu’à Saint Martin Vésubie avant de bifurquer sur Montpellier par les Gorges du Verdon et le Mont Ventoux.

En 2019, difficulté maximale quand un orage éclate une fois sur la piste !


En 2019, fini la Route des Grandes Alpes et fini la CB650F. Je roule désormais en Scrambler Ducati dans la version Desert Sled qui autorise quelques escapades dans des chemins. Place à des routes que j’avais zappé car en dehors du tracé officiel de la RGA. Je peux citer la Cime de la Bonette par exemple, mais en prenant la piste du Col de la Moutière via Saint Dalmas le Selvage ou le Col et le Tunnel du Parpaillon, là aussi accessible uniquement par un chemin de terre et parallèle au Col de Vars. Prévu sur 5 jours, voire avec une option à 6 jours en ajoutant une étape en Italie, j’avais du raccourcir à la dernière minute à seulement 3 jours par rapport aux prévisions météos qui s’annonçaient mauvaises. Malheureusement, ce fut 3 jours sous la pluie avec les quelques soucis que vous avez sûrement en tête.
Pour 2020, fin du voyage en itinérance ! J’ai décidé de trouver un point de chute et d’y loger plusieurs soirs. La destination choisie est Valberg, la station de ski au dessus de Guillaumes et qui est central dans le parc du Mercantour. La première journée se fera par le Verdon et les Gorges du Cians. Le lendemain, départ depuis Valberg pour rejoindre la vallée de la Tinée, monter vers Isola, rouler autour de la Cime de la Bonette pour redescendre vers Barcelonnette et la vallée de l’Ubaye. De là, cap au Sud vers le Col d’Allos et le Col des Champs pour terminer cette journée. Troisième et dernier jour, déjà, en passant par le Col de la Cayolle que j’avais tant aimé, puis Sisteron, et la face sud du Mont Ventoux avant de rentrer sur Montpellier par la Camargue.

Le récit

Jour 1


Moto nettoyée et équipée. Deux valides latérales et une sacoche de réservoir bien remplies. Ordinateur portable, 3 caméras, batteries externes, chargeurs, câbles, sans oublier des affaires de rechange, une tenue de ville, du matériel de toilette et de premiers secours. Même si je loge à l’hôtel, donc avec moins d’affaire à emporter, et que je pars que pour 3 jours, il y a un minimum vital qui reste le même pour une balade de 1, 2 ou 5 jours…

Champs de lavande, c’était encore la saison


Depuis Montpellier, passage par la Camargue, Arles, la Provence, le Luberon. L’idée est de passer par les Gorges du Verdon, mais via la rive gauche, au sud, avec la Corniche Sublime, beaucoup moins connue que l’autre rive avec le village de la Palud sur Verdon et la route des Crêtes à sens unique. Un premier imprévu, une route en travaux uniquement ce jour là avec un passage autorisé à 10h et à 15h ou après 17h, m’oblige à me dévier vers Saint-Laurent-du-Verdon et Baudinard-sur-Verdon. Je déteste ces changements de programme ! J’ai sur mon smartphone une application de navigation avec une trace GPX prédéterminée et le fait de ne pas la suivre relance le recalcul du trajet pour me forcer à passer par la route coupée. Surtout que l’autonomie de ma moto ne me permet pas de rouler 50 ou 100 km de plus que ce que j’ai prévu.
Aiguines et Trigance, voilà les deux principaux villages de la rive gauche des gorges. Les plus attentifs peuvent apercevoir en face « l’autre route » des gorges avec ses nombreux belvédères. L’une ou l’autre des rives des gorges se retrouvent à Castellane. Une petite portion de la Route Napoléon est d’ailleurs dans le secteur. Le long du Verdon (D952) on peut apercevoir quelques embarcations (raftings).
Pour rejoindre Valberg, mon point d’arrivée, deux choix possibles : les Gorges de Daluis ou les Gorges de Cians. J’opte pour les deuxièmes que je ne connais pas en passant par la D28. Il s’agit d’ailleurs d’une portion de la Route des Bréa avec la petite et la Grande Clue, soit les gorges inférieures et supérieures du Cians. Dans tous les cas, ce sera avec de l’orage pour arroser la fin de cette première journée. Le bon côté des choses c’est que je peux enfin tester en conditions réelles ma tenue Goretex laminé Dainese Sport Master ! Pas de problème, je suis bien au sec. Mon vieux smartphone non étanche et la prise USB au guidon ont beaucoup moins apprécié. Fin du premier jour. Demain, départ pour faire une boucle dans la parc national du Mercantour.

Jour 2


Départ de bonne heure, dès 8h30 avec pourtant un road book assez court de 240 km en 5 heures. L’envie de profiter de la route sans être dérangé par les touristes mais aussi de bénéficier d’un fort ensoleillement qui devrait disparaitre dès le début de l’après-midi avec des orages prévus ! Depuis Valberg, la route correspond à une portion de la RGA, déjà réalisée les années passées. Passage par le Col de la Couillole (1878 m) pour rejoindre la vallée de la Tinée. On trouve encore de la roche avec une couleur marron/ocre caractéristique pendant la phase de descente.

Depuis la Bonette, redescente vers Jausiers


La Cime de la Bonette, plus haute route d’Europe (le Col de Restefond-Bonette à 2680 m étant lui plus bas que le Col de l’Iseran à 2764 m) est la première destination de la journée en passant par les villages d’Isola et de Saint Etienne de Tinée. En alternative, il est possible de « couper » par Saint Delmas le Salvage et le Col de la Moutière. Mais attention : les trois derniers kilomètres pour rejoindre la Bonette sera en terre, c’est ce que j’avais fait en 2019. Ce qui n’est pas le cas de la D64 qui passe par le Camp des Fourches et qui est bien goudronnée malgré de nombreuses zones au revêtement peu stable et aux chutes de pierres à l’approche de la cime. En juillet, il y a encore de la neige qui fond et qui se déverse sur la route.
Ensuite, j’ai voulu faire un petite détour par La Condamine-Châtelard. Si l’envie vous prend de s’inspirer de mon road book, cette portion sera sans doute à supprimer. Outre le Fort de Tournoux que l’on peut apercevoir accroché aux falaises, c’est aussi le point de départ pour la piste vers le Col et le Tunnel du Parpaillon. C’était fermé début juillet (même s’il n’y a pas de « barrière » pour empêcher le passage) mais je le savais car il y a encore de la neige au sommet. Je voulais faire une sorte de « pèlerinage » par rapport à mon road trip 2019 ! A noter que derrière le point d’information face à la Chapelle Sainte Anne se trouvait une grue et de nombreux engins de chantier. Pas très esthétique mais il faut bien faire des travaux de temps en temps… Travaux qui doivent être terminés au début de l’été.
Sur le chemin du retour, je croise deux motards qui comptaient faire en bons touristes et avec des pneus route le col et le tunnel pour aller découvrir la Vallée de la Clarée avec notamment le petit village de Névache. Je leur ai conseillé de passer par le Col de Vars mais pas sûr qu’ils aient suivi mon conseil. Il était presque midi et leur balade me semblait un peu optimiste pour être rentré avant l’orage. La route étant ouverte sur les GPS malgré son état, les 20 km de pistes (10 km de chaque côté depuis le col) sont souvent mal calculés par les applications de navigation. A 10 ou 20 km/h, faite le calcul par vous même pour déduire la durée nécessaire. N’oubliez pas d’ajouter de nombreuses pauses photos également !

Tunnel du Parpaillon, fermé début juillet


Retour vers Barcelonnette et la vallée de l’Ubaye. Après une pause ravitaillement en essence, la prochaine destination est le Col d’Allos à 2205 m avec le station de ski de la Fou d’Allos (reliée à Pra Loup à ski, mais dont la route d’accès est, elle, en cul-de-sac). Première fois que je roule sur cette route et je suis surpris de son étroitesse et des falaises très abruptes. Même si j’ai l’habitude des petites routes dans les Cévennes, en général, dans les Alpes, tout est plus grand, ce n’est pas le cas ici ! Pour ceux qui ont peur du vide, la route n’est pas forcément à conseiller ! Il est aussi très difficile de s’arrêter pour faire une pause ou prendre des photos.
L’avantage du Col d’Allos, moins connu de la Bonette et de la Cayolle, c’est qu’il y a finalement peu de monde, que ça soit en auto, camping-car ou vélo. En revanche, les mouches son très présentes, sûrement à cause des élevages dans les environs. Des travaux sont aussi réalisés au sommet du col. Tout ça cumulé, je n’ai pas pris le temps m’arrêter surtout que le ciel commençait à être menaçant.

Vue sur les pistes de ski d’Allos


Dernier col de la journée, le Col des Champs à 2093 m. Un col, là aussi, peu connu et ce n’est pas la petite route d’accès depuis le village de Colmars les Alpes qui inspire confiance. Entre deux rangées d’arbres, on croit presque rentrer dans une impasse ou un chemin privé. C’est pourtant la route qui mène au col et qui est bien connu des cyclistes, qui profitent de cette tranquillité pour tenter quelques performances. Les épingles sont très serrées et avec un fort dénivelé. Clairement une route à ne pas conseiller aux débutants à moto ou aux voitures de grand gabarit. Le col signe la limite entre les départements du 04 et 06. Le côté ouest dans le 06 est beaucoup plus accueillant : route large et paysage dégagé : c’est donc plutôt de ce côté que vous pouvez monter si vous voulez rouler sereinement.
Fin de parcours par Guillaumes pour remonter à Valberg. Cela signe la fin de la deuxième journée avec finalement un temps sec ! Même si le ciel est de plus en plus gris, j’ai réussi à rouler en évitant la pluie. La contre-partie, c’est une balade réalisée assez rapidement et sans vrai pause. J’aurais aimé prendre le temps de contempler la paysage, que ça soit la Bonette, Allos ou le Col des Champs. Mais j’aurais au moins les vidéos en souvenir !

Jour 3


Dernier jour et c’est déjà l’heure du retour dans l’Hérault. Comme hier, départ également de bonne heure car pour cette journée, il y a de la route à faire ! Presque 8 heures pour avaler 400 km. C’est ça le côté négatif d’un road trip, il y a forcément des routes très roulantes à prendre pour rentrer (ou partir de) chez soi. Les moins courageux seraient tenter de prendre l’autoroute, mais autant traverser quelques villages pour égayer la journée et économiser le prix des péages.
Avec la Bonette et Allos, la Cayolle est le « troisième » col du secteur. Ce sera donc la première étape de la journée avant le long retour par Sisteron et la face Sud du Mont Ventoux. Et finalement, le road trip ne pouvait pas se terminer sans un nouveau panneau « route barrée ». La veille, les orages ont provoqué une coulée de boue sur la route de la Cayolle du côté de Barcelonnette. Arrivant de bonne heure, le panneau du col était encore marqué « fermé ». Le temps de faire une petite pause et de réfléchir à un plan B (refaire le Col d’Allos ?), les agents de la route passent pour remettre le panneau sur « ouvert ». Confirmation prise auprès d’eux, la route est bien ouverte ce matin mais il faut quand même faire attention et y aller doucement. OK, c’est noté, je peux repartir rassuré.

Pause au soleil en bas de la Cayolle, côté Barcelonnette


Quand je suis allé dans les Alpes en 2017, la Cayolle était le premier col de la RGA sur ma route. J’en ai toujours gardé un très bon souvenir. D’abord très minéral après Entraunes, pour ne pas dire désertique, on arrive ensuite sur un secteur beaucoup plus vert avec quelques troupeaux au sommet. La descente vers Barcelonnette est très étroite avec des passages en forêt.

Après la Cayolle, dernière vue sur les montages du Mercantour

J’ai profité de ce cadre tranquille pour tourner la séquence d’introduction diffusée dans la première vidéo. J’ai l’habitude de tourner mes vidéos dans un ordre chronologique pour garder la surprise et avoir une certaine authenticité dans la progression du voyage, mais cette année j’ai attendu le dernier jour pour faire l’introduction.
Après la Cayolle et pensant que la route sympa était terminée, je me trouve dans de petites gorges pour rejoindre Uvernet-Fours. Voilà la fameuse coulée de boue ! Sur 2 à 3 km et par intermittence, la route est revêtue d’une fine couche de boue. Le bas côté est encore couvert de neige et l’eau ruisselle sur la chaussée avec un mélange de graviers. Difficile de prendre la bonne trajectoire et même de se croiser. Autant dire que je n’étais pas du tout serein.
Après la section délicate, je m’arrête regarder l’état de la moto : entièrement recouvert d’une boue grisâtre, de même que mon blouson, la selle et les sacoches !
Après le Lac de Serre-Ponçon alimenté par la Durance, direction Sisteron en prenant la petite route D951.

De la boue, histoire de garder un souvenir du Mercantour

Traversée de la ville fortifiée un samedi à midi, pas forcément le meilleur plan du road trip. Heureusement que la moto permet de faire un peu d’interfile. Finalement, les affaires reprennent et je me retrouve sur des petites routes de campagnes bordées de champs de lavande très odorants.
Suite du parcours dans le parc des Baronnies provençales avant d’arriver à Sault dans le département de Vaucluse, en région PACA. Ultime imprévu avec un nouveau panneau indiquant que le sommet du Mont Ventoux est fermé. Mais qu’il est ouvert pour accéder au boutique ? Incompréhensible. Surtout que plus loin un panneau identique est, lui, « barré ». Barré pour annuler la fermeture ou confirmer la non-ouverture ? Heureusement que je n’avais prévu que de faire une portion de la face Sud, jusqu’au Chalet Reynard (D614) et redescendre vers Bédoin par la D974. Le sommet du Ventoux, fermé ou pas, n’étais pas au programme de cette année.
Les deux dernières heures du road trip sont comme à l’aller : Provence et Camargue pour rejoindre Montpellier. 1090 km plus tard, me voilà de retour chez moi après 3 jours sur la route.

Petit mot de la fin. J’ai apprécié de pouvoir rouler « léger » le deuxième jour. Faire un road trip non-itinérant où on loge au même endroit plusieurs soirs et clairement ce que je vais privilégier pour les prochains road trips. Certes, cela ne permet pas d’aller trop loin. Par exemple « faire la RGA » n’est pas possible de cette manière, mais faire une ou deux vallées en adaptant les road books en fonction de la météo ou de la fatigue est un moyen de rouler plus apaisé sans se mettre la pression de devoir « rejoindre son hôtel » dans les temps. Il suffit de trouver un endroit central et de prévoir des boucles de 200 à 250 km par jour.
A mettre en pratique dans le Massif Central ou les Pyrénées ? À suivre…

Le road book

Julien
Montpellier, France

Originaire du sud de la France, je partage à travers ce blog mes balades moto au guidon de ma Desert Sled Scrambler Ducati.